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Les agronomes des BAC sans matériels et sans salaires

Publié le 2019-08-22 | Le Nouvelliste


La plus grande promesse de campagne du président Jovenel Moïse a été de « combiner l’eau, la terre, le soleil et les gens pour nous mettre de l’argent dans nos poches et de la nourriture dans nos assiettes ». Depuis son accession à la magistrature suprême de l'État, très peu d’initiatives vont dans ce sens. Quand on a vu un avis du ministère de l’Agriculture annoncer le recrutement sur concours des responsables des Bureaux agricoles communaux (BAC), on nourrissait l’espoir que cela serait le début des choses sérieuses.


Le concours a bien eu lieu. 88 agronomes ont été recrutés au début de l’année fiscale. Ils ont été déployés dans 139 communes- certains étant affectés à des regroupements de deux ou trois communes. Ils ont été reçus le 31 janvier 2019 au Palais national dans un show médiatique par le président Moïse (1). Ces représentants communaux du ministère de l’Agriculture ont pour mission essentielle d’appuyer les producteurs agricoles. En particulier, ils aident dans les itinéraires techniques, l’adaptation des cultures aux changements climatiques, la conservation des sols, le traitement des ravines, le reboisement, entre autres.


Faisant un travail de proximité, ces professionnels sont censés être les premiers à faire atterrir la politique agricole du gouvernement. Mais quand on analyse la situation dans laquelle ils évoluent, on se demande si le gouvernement dispose vraiment d'une politique agricole.


Ces courageux professionnels ont été abandonnés sur le terrain depuis 10 mois. Ils ne bénéficient pas de l’assistance technique promise par les autorités. Ils n’ont pas de matériel de travail. Certains d’entre eux n’ont même pas de bureau. Même pas une chaise.


Depuis plusieurs semaines, ils font passer une note sur les réseaux sociaux dans laquelle ils demandent de meilleures conditions de travail et surtout leurs salaires qu’ils n’ont pas reçus depuis 10 mois. Ils menacent d'entrer en grève. «Malgre anpil pwopagann ki te fèt, nou reyalize se bak n ap fè !  Yo lage nou sou teren san asistans, san ekipman, e nou genyen 9 mwa nou poko touche yon goud, malgre n ap travay nan kondisyon trè difisil», peut-on lire dans cette note datée du 22 juillet 2019.


Sur la question des salaires, le ministre de l’Agriculture avait écrit à son homologue des Finances en date du 6 mai 2019 lui demandant « d’instruire la direction concernée pour que suites favorables soient données à ce dossier ». Constatant que ces suites se faisaient attendre, les responsables des BAC se sont eux-mêmes chargés des démarches. Après les investigations de plusieurs d’entre eux à la direction du budget du ministère de l’Économie et des Finances (MEF), il en ressort que leurs dossiers manquaient leurs lettres de nomination.


Veuillez remarquer la négligence de l’État ou de ses cadres. Alors que les dossiers sont passés du ministère de l’Agriculture au bureau du Premier ministre, personne n’a vu qu'il n'y avait pas les lettres de nomination. Au ministère des Finances, les cadres ont bien vu ce problème, mais ils n’ont pas réagi. Pourquoi n’ont-ils pas appelé le ministère de l’Agriculture ou les principaux concernés pour leur demander de compléter le dossier ? Ils ont préféré attendre. Attendre quoi ? Comment les dossiers peuvent être complétés si les concernés n’ont pas l’information sur un quelconque problème ?


Pendant que les cadres du MEF attendent on ne sait pas quoi, d’autres souffrent et menacent de faire la grève au détriment de nos agriculteurs, de notre agriculture et de notre environnement. Un blocage de près d’un an pour un rien.


La mauvaise habitude des retards de l’État dans le traitement des nouvelles nominations dérange. L’expérience des ingénieurs agronomes des BAC montre une fois de plus que ces retards ne sont pas souvent fondés. À force de nous habituer à l’inacceptable, nous finissons par croire que c’est normal de mettre 12 mois pour avoir le premier salaire après une nomination. Pourtant, les ministres et les autres grands commis de l’État ont normalement leurs salaires le premier mois. Ici, l’inégalité est partout dans les modes de vie et même dans les façons de travailler pour la république. Il y a une Haïti pour eux et une Haïti pour nous autres.


Cultivons plutôt le respect des autres, quels qu’ils soient, le patriotisme, l’équité, le sens du sacrifice, l’envie de participer à la résolution des problèmes... « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde », disait Mahatma Gandhi. Le changement dont nous rêvons tous pour Haïti doit passer par celui de chacun de nous.



Newdeskarl Saint Fleur


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