Le numérique est-il sans danger pour l’environnement?
- newdeskarl
- 20 oct. 2020
- 4 min de lecture
Publié le 2020-10-19 | Le Nouvelliste
Les technologies de l’information et de la communication (TIC) occupent de plus en plus de place dans notre quotidien. Elles redéfinissent notre façon de faire les affaires et de communiquer. Elles permettent de gérer une entreprise en ligne, de stocker des données sur des supports virtuels, d’utiliser de moins en moins de papier ... Sont-elles pour autant sans impact écologique ?
Une histoire de contenus et de contenants
Pour sa vie et pour ses activités, l’homme se met à la recherche des ressources naturelles. Ces dernières sont l’espace, l’eau, le soleil ou ses rayons, le sol, le vent ou l’air, le pétrole, les forêts, les animaux, les mines et carrières, entre autres. Plus on cherche à vivre une vie de luxe, plus on doit faire pression sur les ressources naturelles. En dépit de son aspect léger, virtuel ou immatériel, le numérique est bien gourmand en ressources naturelles et a une forte empreinte écologique.
Le problème est délicat quand on sait tout ce qu’on peut faire avec un smartphone. Le numérique aide même à protéger l’environnement en limitant nos déplacements, les impressions sur papier, entre autres. On peut presque tout faire en ligne. Pourtant, si l’impact écologique des contenus, c’est-à-dire les données, les fichiers, les flux vidéo, n’est pas tout de suite visible, on ne peut pas dire autant de leurs contenants. Pour profiter des avantages du numérique, il faut utiliser du matériel: smartphones, ordinateurs, tablettes… Prenons l’exemple du téléphone portable qui est l’un des produits les plus utilisés de nos jours. Pour fabriquer un smartphone, il faut plus de 70 kg de ressources naturelles, jusqu’à 50 métaux différents (1). Il faut alors exploiter 50 minerais différents. En les exploitant, on cause beaucoup de dégâts à l’environnement et aux réserves d’eau en particulier. C’est la même conséquence pour la fabrication des autres terminaux. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), pour fabriquer un ordinateur, il faut 240 kg de combustibles fossiles, 2,2 kg de produits chimiques et plus d’une tonne d’eau.
De plus, avec la force des publicités sur les nouveaux modèles de smartphone, les consommateurs changent de téléphone en moyenne tous les deux ans. Les plus à la mode en changent tous les ans. Pire, on estime à plus de 30 millions, le nombre de smartphones qui dorment dans les tiroirs (1).
Dans les pays occidentaux, on comptait dans les années 1980 un équipement informatique pour plusieurs personnes. À partir de 2010, c’est plusieurs équipements (smartphones, ordinateurs, tablettes, objets connectés...) pour une personne.
La réalité de nos données de navigation
Avec l’explosion des réseaux sociaux et du commerce électronique, il y a de plus en plus d’internautes. À titre d’exemple, chaque jour plus de 5 milliards de recherches sont effectuées sur Google, 6 milliards de vidéos sont visionnées sur YouTube et plus de 270 milliards d’e-mails sont envoyés. Ce sont des données massives (Big Data). Dès qu’on va sur Internet, on produit des données. Chercher un produit sur google, donner un like à un post sur Facebook, regarder une vidéo, nos horaires de connexion sur les réseaux sociaux sont autant de données qui peuvent être utilisées pour nous profiler et nous envoyer des publicités personnalisées. « D’accord, mais quel est le rapport avec l’environnement ? », diriez-vous.
Eh bien, ces données massives sont stockées dans des data centers ou centres de données, traitées et diffusées massivement. Plus il y a des données (contenus) à traiter, plus il faut de grands data centers avec beaucoup de serveurs, de sous-systèmes de stockage, de routeurs (contenants) qui consomment beaucoup d’électricité.
Résultat : en 2017, la fabrication et l’usage des outils du numérique ont consommé 3000 térawattheures (TWh) d’énergie et émis 1800 mégatonnes d’équivalent en dioxyde de carbone (Mt CO2e) de gaz à effet de serre (2). Autrement dit, si le numérique était un pays, il serait le deuxième plus gros consommateur d’énergie au monde après la Chine (3050 TWh) et devancerait les États-Unis (2180 TWh). Il serait également le quatrième plus gros émetteur de gaz à effet de serre devant la Russie. Il ne serait devancé que par la Chine, les USA et l’Inde.
Faut-il pour autant jeter son smartphone ou ne plus aller sur Internet ?
Non. Il faut juste en avoir conscience. Comme dans de nombreux domaines, les bonnes informations permettent de songer à faire des gestes responsables pour réduire l’empreinte écologique du numérique.
- Limiter la fabrication des équipements informatiques en prolongeant leur durée de vie:
Quand on change d’appareils, on pourrait tout au moins leur donner une deuxième vie en les offrant à d’autres, en les revendant ou en les rapportant en magasin, en ayant pris le soin de nettoyer complètement les smartphones et ne pas y laisser ses données personnelles. Nous pouvons également faire le choix d’appareils robustes et réparables. Les entreprises peuvent autant que possible mutualiser les imprimantes, photocopieuses et scanners. Privilégier les impressions en noir et blanc et en recto verso. Assurer la maintenance régulière des équipements.
- Soyons responsables face aux e-mails :
Eh oui, les e-mails ne sont pas inoffensifs. Pour vous donner une idée, le chercheur Mike Berners-Lee estime qu’un e-mail simple émet 4 g de CO2 tandis qu’un SMS d’un poids maximum de 140 octets ou de 160 caractères en émet 0,014 g. Si on a du mal à retourner aux SMS pour les petits messages courts, on peut tout de même se montrer écologiques dans la gestion de nos boites mail. Voici ce qu’on peut faire : veiller à ce que les spams sont régulièrement supprimés. Se désinscrire des newsletters dont on n'a plus besoin. Ne pas laisser la boîte mail ouverte toute la journée. Pour les fichiers lourds, préférer des liens de téléchargement aux pièces jointes...
- Et WhatsApp alors?
Si l’empreinte carbone du SMS est relativement faible, celle des messageries instantanées de type Messenger ou WhatsApp devrait être proche de celle d’un e-mail puisque ces technologies utilisent Internet. De nos jours, ces technologies nous rendent beaucoup de service, mais il y a toujours des choses qu’on peut faire pour limiter leur empreinte carbone. Pourquoi ne pas commencer à se retirer des groupes WhatsApp inutiles et toxiques? Supprimer le groupe d’un projet à la fin de ce dernier. Enfin, quand c’est possible, privilégier une connexion au Wifi en lieu et place de la 4G!
La liste des actions possibles est interminable. L’essentiel, c’est d’avoir les bonnes informations, d’être conscient du danger de cette pollution invisible et faire appel à notre bons sens.
(1) https://www.fne.asso.fr/communiques/les-smartphones-des-téléphones-pas-si-«-smart-»-pour-l'environnement
Newdeskarl Saint Fleur newdeskarl@gmail.com
Comments