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La Visite «tounen yon jaden bwa», le piteux état de nos parcs nationaux

L’émission Haïti Climat diffusée tous les jeudis matin sur Magik 9 (100.9 fm) a lancé une série d’émissions sur nos aires protégées. Cette série a commencé fort puisque les 15 et 22 avril 2021, l’émission a été respectivement consacrée aux parcs La Visite et Macaya, nos deux principaux parcs nationaux. Quel est l’état actuel de ces réserves de biosphère ? Quelles sont les mesures de protection et de restauration ? Des organisations environnementales craignent le pire et lancent un dernier cri d’alarme aux autorités.



Perché à 2000 mètres d’altitude dans le massif de La Selle, le parc national La Visite a été créé en 1983 pour lutter contre la déforestation. Le parc abrite avec la forêt des pins la plus grande réserve de pins du pays. Le parc est au centre de la réserve de biosphère La Selle, désignée en 2012 par l’UNESCO. Ce n’est pas cela qui va stopper sa déforestation galopante.


D’après le responsable des relations publiques de la Fondation Seguin, M. Richard Cantave, qui participait à l’émission du 15 avril, le parc a perdu au moins deux tiers de sa superficie boisée entre 1990 et aujourd’hui. On le sait, les arbres sont coupés pour produire des planches, des madriers et du charbon de bois. Ils le sont aussi pour avoir de l’espace pour faire des cultures maraichères, l’élevage et des constructions. Même son de cloche pour le jeune étudiant Exzéquiel Massillon, un natif de la région qui dit assister à une accélération de ce défrichement systématique depuis l’an dernier. Membre fondateur de la Fédération des associations pour le développement communautaire de La Visite (Fadecov), M. Massillon estime qu’il ne reste du parc qu’un simple « jardin d’arbres ». Si, à travers la Fadecov, les jeunes essayent de sensibiliser la population de Seguin, ils craignent que leurs efforts n’apportent les résultats escomptés en absence d’alternatives économiques.


Pour les deux invités de Haïti Climat de 15 avril, le parc La Visite est laissé à l’abandon. Ils constatent un désintéressement total de l’État haïtien sur le sujet. Le ministère de l’Environnement y avait affecté 30 gardes forestiers en 2012. Aujourd’hui, il n’y en a que trois ! Notons que ces derniers ne sont pas toujours présents.


Comme pour sensibiliser la population, Richard Cantave en a profité pour rappeler l’importance de cet écosystème pour les communes avoisinantes. Pour lui, le plus important, c’est l’eau « Avec les arbres, l’infiltration de l’eau de pluie est favorisée ; sans les arbres, c’est le ruissellement. Avant, nous avions de l’eau toute l’année, à présent nous n’avons, que 6 mois d’eau », s’alarme le militant écologiste. « Marigot et une bonne partie du département de l’Ouest dépendent de cette eau ». Les gens abattent les arbres au profit des cultures, mais cette coupe va créer un manque d’eau qui leur sera défavorable. « En plus de l’eau, La Visite a une faune et une flore uniques. Nous sommes en train de perdre des plantes médicinales. Les scientifiques et les touristes ne seront plus attirés par la zone. Ce sont des millions de dollars perdus ! »


C’est le même cri d’alarme lancé pour le parc Macaya. Dans le massif de la Hotte et situé à 35-40 km de la ville des Cayes, le parc Macaya est à cheval entre les départements du Sud et de la Grand’Anse. Il constitue la zone coeur de la réserve de biosphère du massif de la Hotte, désignée par l’UNESCO en 2016. Le parc englobe le pic Macaya qui fait 2347 mètres d’altitude, le 2e plus haut sommet du pays après le pic La Selle (2680 m).


Bruno Mentor, directeur exécutif de la Fondation Macaya, participait à l’émission du 22 avril. Il dit constater la même dégradation du parc Macaya que celle de La Visite. « Imaginez de l’élevage et des parcelles agricoles dans le parc ». La couverture végétale est considérablement réduite en raison, ajoute-t-il, d’une méconnaissance du milieu par la population ajoutée à sa situation économique.


Tout en vantant les interventions de sa fondation, M. Mentor préconise une appropriation du parc par les habitants, les impliquer comme des acteurs dans cette protection. Il invite les autorités compétentes à définir un modèle de gestion pour le parc.


En ce moment, les autorités ne jurent que par un référendum, une nouvelle constitution et des élections pour résoudre tous nos problèmes. Faut-il des élections pour déployer des gardes forestiers à La Visite ? Faut-il un référendum pour développer une alternative économique durable autour de nos deux parcs nationaux ? Faut-il une nouvelle constitution pour interdire les constructions dans les aires protégées ? En attendant des réponses à ces questions, la déforestation s’accélère…


Newdeskarl Saint Fleur


Source: Le Nouvelliste

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