Haïti, côtes négligées et mangroves détruites
- newdeskarl
- 27 mai 2020
- 2 min de lecture
Pour les pays soucieux de leur développement, les côtes sont une aubaine. On y retrouve des stations balnéaires, des aquariums, des chaînes d’hôtels …et surtout des mangroves préservées ou exploitées à bon escient. En Haïti, les côtes sont dans un état déplorable et laissées à la bidonvilisation. Quand les mangroves ne sont pas remplacées par des bidonvilles, elles sont des dépotoirs ou transformées en des gigantesques latrines à ciel ouvert.
Publié le 2019-01-25 | Le Nouvelliste

La mangrove est une forêt côtière se trouvant directement sur le littoral (avec les pieds dans l’eau à marée haute). Son climat est caractérisé par de l’eau saumâtre, chaude et calme. On y rencontre essentiellement des palétuviers ou mangliers (Rhizophora mangle) dont les racines sont en forme d’échasses s’enfonçant dans les lagunes. On peut en relever deux importances principales:
1) Elle joue un rôle de protection des côtes. En effet, en cas de vagues dues aux ouragans, de forts vents et de raz-de-marée, la mangrove amortit leur effet destructeur. Elle constitue une barrière de défense naturelle.
2) Elle est une pouponnière. C’est le lieu de reproduction des poissons et des crustacés car l’eau est calme, peu profonde et contient beaucoup de nutriments à cet endroit.
Alors, détruire la mangrove, c’est détruire ses ressources halieutiques et construire sa vulnérabilité face aux risques côtiers !
La vulnérabilité
Les grandes villes haïtiennes sont principalement côtières. L'urbanisation effrénée et l’extension incontrôlée de ces villes font beaucoup de pression sur la mangrove. Sa végétation est exploitée pour le charbon de bois et bois de construction - car c’est un bois dur et résistant. Par endroits, cet écosystème est tout simplement rayé de la carte. C'est le cas de Cité Soleil ou de Cité de l'Eternel où la population détruit la mangrove et remblaie le littoral pour créer de l'espace de construction.
L’exode rural fait que les nouveaux venus voient au bord de mer un espace de choix à coloniser. Pourquoi ? Parce que cet espace n’appartient qu’à l’État qui n’en fait rien. Ces nouveaux venus se permettent de couper et remplacer les palétuviers par du remblais sur lequel sont construites leurs maisonnettes. Vous pouvez demander ce qui arrive aux bébés poissons. Ils disparaissent. Nos grandes villes étant côtières, nos grands bidonvilles aussi: Cité Soleil, Raboteau, La Savane...
Avec ses 1535 kilomètres de côtes, Haïti est le deuxième pays de la Caraïbe, après Cuba, offrant un meilleur potentiel de ressources côtières et marines. Il faut donc des interventions urgentes pour freiner l’exploitation anarchique des mangroves d’Haïti, les réhabiliter, les conserver et les valoriser (ex: écotourisme).
À défaut de mesures immédiates visant à récupérer ces côtes, l’État devrait commencer par stopper cette exploitation anarchique. Puis, des pépinières de mangliers suivraient pour reconstituer la forêt côtière. Des efforts de réhabilitation sont à signaler dans le sud, en particulier à Aquin et à Port-Salut. Ces efforts qui sont à encourager méritent d’être répliqués dans tout le pays. Auxquels devraient s’ajouter la sensibilisation du public à l’importance de cet écosystème et la promotion d’autres alternatives économiques.
Newdeskarl Saint Fleur
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