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Eruption de Saint-Vincent : explication du volcanisme dans la Caraïbe

Publié le 2021-04-21 | Le Nouvelliste


Depuis le 9 avril dernier, le volcan de la Soufrière sur l’île de Saint-Vincent est entré en éruption. Sur des images dignes de science fiction, on pouvait voir des maisons, des voitures et des arbres couverts d’épaisses cendres volcaniques. Des milliers de personnes sont déplacées et d’autres sont privées d’eau et de nourriture. Pourquoi cette éruption dont les cendres sont arrivées jusqu’en Haïti, d’après la protection civile? A-t-elle été prévue? Faut-il craindre de tels événements en Haïti?


Comme pour les séismes, l’une des approches privilégiées pour connaître les zones à risque, c’est de faire un retour dans le passé. Cette île des Petites Antilles de plus de 100 000 habitants a déjà connu d’importantes éruptions, dont la plus dévastatrice date de 1902. Elle n’a pas connu d’éruption depuis 1979. L’éruption en question a été explosive. Cela a dû être le cas par le passé car l’aspect explosif n’est pas un hasard et est lié au type de volcan. Cela nous renvoie à la fameuse théorie de la tectonique des plaques.


Volcanisme effusif vs volcanisme explosif


Si on caricature, plus on va dans les profondeurs de la Terre, plus il fait chaud. Ainsi, à plusieurs centaines de kilomètres sous nos pieds, les roches sont en fusion. Ces roches bouillonnantes portent le nom de « magma » qui, une fois à la surface, sera la « lave ». Étant à température élevée, le magma monte et, arrivé plus haut, redescend à cause de la baisse de température. On a en permanence un mouvement de montée-descente. Quand deux plaques tectoniques s’écartent l’une de l’autre, de grandes brèches se forment par endroits et laissent filer le magma jusqu’à la surface. Dans ce cas, le magma sort tranquillement et on a d’importantes coulées de lave qui dévalent les pentes. C’est le volcanisme effusif ! Par exemple, l’océan Atlantique s’ouvre de 2 à 3 centimètres par an, ce qui donne lieu à un alignement nord-sud de volcans sous-marins. L’Islande, terre émergée située directement sur cette ouverture, compte plus de 200 volcans dont les 2/3 sont actifs.



Un autre type de volcanisme prend naissance plutôt dans un contexte convergent où l’une des plaques passe sous l’autre. C’est le cas de la plaque de l'océan Pacifique qui s’enfonce sous l’Amérique du Sud ou encore la plaque nord-américaine plongeant sous la plaque caraïbe. La plaque plongeante, généralement océanique et plus froide, subit une fusion partielle quand elle arrive sous la plaque continentale, plus chaude. Le magma résultant de cette fusion, moins dense dans le milieu ambiant, remonte difficilement (avec beaucoup de pression) à la surface à travers quelques fissures. C’est le volcanisme explosif ! La lave des volcans explosifs, comme celle de la Soufrière de Saint-Vincent, est très visqueuse et ne sort pas en grande quantité.


Les îles des Petites Antilles constituent ce qu’on appelle un arc volcanique ou arc insulaire volcanique. Elles sont sorties de l’eau grâce à ce type de volcanisme. Ce qui se passe à Saint-Vincent est normal. Actuellement, l’arc des Petites Antilles compte une dizaine de volcans actifs. De récentes éruptions de la Soufrière de la Guadeloupe ou du volcan de la montagne Pelée en Martinique en sont des exemples.


Surveillance


Contrairement aux séismes, les volcans laissent aux populations le temps de s’échapper. Les remontées de magma font craquer les roches environnantes et créent une microsismicité que les sismologues surveillent à la loupe. La localisation précise de ces petits séismes en profondeur donne la localisation du magma. Ainsi, on peut suivre le cheminement du magma jusqu’à ce qu’il soit proche de la surface et donner l’alerte. De plus, des GPS peuvent être placés au voisinage immédiat du volcan pour déceler la moindre déformation de celui-ci à l’approche du magma. Des mesures de la concentration des gaz volcaniques jouent aussi un rôle important dans la prévision. En effet, selon les volcanologues, lors d’une éruption volcanique, les fluides précèdent souvent les solides et constituent des signes avant-coureurs.


Le cas d’Haïti


Y a-t-il des volcans en Haïti? Cette question revient souvent. Que ce soit dans les salles de cours, dans les salons, ou de tout Haïtien soucieux des phénomènes naturels. Comme les autres îles de la Caraïbe, Haïti compte au moins deux zones de volcans connues: l’une, le morne La Vigie, à quelques centaines de mètres de la route Titanyen-Saut d’Eau, sur la chaîne des Matheux ; l’autre, c’est Thomazeau, sur les montagnes du Trou d’Eau où deux petits édifices volcaniques sont bien visibles dans le paysage. Cependant, les dernières éruptions sur ces volcans datent de 1,5 million d’années. Aucun épisode volcanique n’a été signalé dans les documents historiques. Ce qui suggère qu’on vit une cessation de l’activité volcanique. Des recherches doivent prouver si les conditions ne sont définitivement plus réunies pour une reprise de cette activité volcanique.



Newdeskarl Saint Fleur

newdeskarl@gmail.com

 
 
 

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