Détournement de marchandises, prélude d’une crise humanitaire inédite?
- newdeskarl
- 27 mai 2020
- 2 min de lecture
Publié le 2019-08-12 | Le Nouvelliste
Cette semaine je m’apprêtais à aborder un sujet sur la protection des animaux. Mais quand je suis tombé sur l’article de Jose Flecher sur les détournements quotidiens des camions de marchandises (1), mon plan a été dévié. Cet article qui a fait la une de l’édition du Nouvelliste du 9 août 2019 m’a encore une fois interpelé sur la capacité de la Direction de la protection civile (DPC) de faire face à une éventuelle catastrophe naturelle compte tenu de ce climat déjà délétère.
En lisant l’article de M. Flecher, l’on peut remarquer que les bandits ne ciblent pas une entreprise en particulier. Ils sont à la chasse de tout ce qui a une valeur économique. Et les camions de marchandises constituent des proies privilégiées puisqu’ils sont bien garnis et passent sous la barbe des gangs, dans des zones hors contrôle des autorités. Des camions qui vont desservir des détaillants dans le grand Sud ou le grand Nord. En réaction, des entreprises ferment ou s’apprêtent à fermer leurs portes. Les détournements répétés de ces camions aggravent la crise économique dans ces coins du territoire où la population est déjà aux abois. Il me paraît responsable d’étendre la réflexion sur les convois humanitaires en cas de catastrophe naturelle.
Le problème a en partie été soulevé dans une récente chronique sur les plans de contingence (2). Si un séisme ou un cyclone se pointe, ce sont les convois humanitaires qui seront la cible des malfrats. Ces convois sont entre autres des camions qui transportent des kits alimentaires, de l’eau potable et des médicaments aux sinistrés. Dans les premiers jours après une catastrophe de type Matthew 2016 ou goudougoudou 2010, les sinistrés n’ont souvent aucun recours et ne vivent que de ces aides. Imaginons maintenant le détournement systématique de ces camions par des bandits. Cette situation achèvera des survivants qui succomberont à leurs blessures ou qui mourront de faim et de soif. Ce sera une catastrophe dans la catastrophe.
Depuis l’ouverture de la saison cyclonique, le directeur de la protection civile, Dr Jerry Chandeler, a beau faire des déclarations sur la bonne préparation de la DPC. Mais il n’a pas dit comment il comptait faire pour contourner cette pratique de détournements de camions. N’y a-t-il pas pensé ? N’a-t-il pas pensé que cela pourrait concerner les convois humanitaires ? Je lui concède que ce problème qui prend de plus en plus d’ampleur peut dépasser une simple direction technique du ministère de l’Intérieur. Dans ce cas, le comité national de gestion des risques et des désastres, sous le leadership du Premier ministre, a-t-il un plan ? La gestion des risques et des désastres est d’abord stratégique.
En même temps, le détournement des marchandises semble être l’héritage de nos élites. L’économique, avec la complicité de la politique, fait tout ce qu’il peut pour ne pas payer à l’État ce qui lui est dû. La politique, elle, veut s’enrichir en détournant des fonds publics. Les gangs armés ne sont pas en reste. Ils vivent de vol, d’assassinat et de terreur. Qui brisera ce cercle vicieux du détournement?
Newdeskarl Saint Fleur newdeskarl@gmail.com
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