Couverture végétale: Belle-Anse en alerte maximale, selon l’Observatoire du CNIGS
- newdeskarl
- 24 juin 2021
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La déforestation, la perte de la biodiversité, la détérioration des sols agricoles figurent parmi les problèmes environnementaux chroniques auxquels fait face le pays. Des études font état d’une situation alarmante. Si la dégradation de l’environnement est visible et l’effet est subi tous les jours par la population, la question d’une surveillance continue se pose. À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre la désertification le 17 juin dernier, le Centre national de l’information géo-spatiale (CNIGS), dirigé depuis 2011 par l'ingénieur Boby Emmanuel Piard, lance, ou plutôt relance l’Observatoire global du territoire (OGT). Cette entité permet de faire le suivi dynamique des événements naturels et de gérer toutes les ressources territoriales en Haïti.

D’après l’un des directeurs techniques du CNIGS, Philémon Mondésir, cette structure, initiée depuis quelques années par le Programme d’informations territoriales pour le développement durable, vient tout juste d’être relancée après une longue absence, à l’occasion de la Journée internationale de la lutte contre la désertification. « En effet, l’une des principales activités de l’observatoire est la production et la diffusion d’un bulletin qui renseigne régulièrement (tous les 15 jours) sur la végétation partout en Haïti, à partir de l’imagerie spatiale issue du satellite MODIS, spécialement conçu pour générer un indice très caractéristique de la présence et de l’état de santé de la végétation. »
Il s’agit de détecter des anomalies enregistrées dans la végétation à l’échelle d’une quinzaine de jours. On considère qu’il y a anomalie dans la végétation quand il y a un changement par rapport à sa situation habituelle pour une zone considérée. Des changements d’état, d’une quinzaine à une autre ou d’un mois à un autre, de la végétation peuvent seulement refléter : au mieux différentes phases d’une culture, une absence ponctuelle de végétation correspondant à des périodes post-récoltes, au pire une situation de stress hydrique, d’attaque parasitaire, de coupe abusive ou de pertes après une intempérie. Toutefois, quand une anomalie dure trop longtemps ou se répète trop souvent dans une même zone sur une année, cela risque d'avoir de sérieuses répercussions sur les récoltes annuelles. Cela peut être dû à des périodes de sécheresse allongées ou des problèmes plus profonds (déforestation, désertification, urbanisation, ...). Ce suivi des conditions agro-climatiques est donc un élément fondamental pour la planification de notre sécurité alimentaire à l'échelle locale et nationale.
Si l’OGT n’a été officiellement relancé que le 17 juin 2021, des bulletins sur la santé de la végétation sur le territoire national ont été publiés en avant-première, notamment en mai 2021. Le bulletin de la première quinzaine de mai fait état de zones en situation favorable (végétation normale) et celles en situation défavorable ou en situation d’alerte. Ce document révèle notamment une « concentration inquiétante des anomalies dans la boucle Sud-Est – Ouest – Artibonite – Centre. » Plus de 75 % du territoire se trouverait dans une situation d’alerte allant de très faible à très élevée. Les départements les plus touchés sont le Sud-Est et le bas Nord-Ouest. Une comparaison interannuelle permet de voir que l’anomalie existait dans la commune de Belle-Anse depuis 2020. « Pour l’année en cours, l’anomalie persiste et a tendance à s’aggraver », lit-on dans le bulletin. Les sections communales 6e Pichon et 7e Mapou sont dans une situation critique. Toutefois, des investigations sur le terrain sont nécessaires pour mieux comprendre et qualifier le phénomène.
Ces données satellitaires sont combinées à des données pluviométriques fournies par un réseau de 24 stations météo au sol. L’ensemble des données arrivent en temps réel sur les serveurs de réception du CNIGS, elles sont ensuite intégrées dans des chaines de traitement spécifiques selon la thématique. Les produits d’analyse résultants sont stockés puis diffusés sous forme de bulletins et cartes de synthèse à travers le site du CNIGS ainsi que la plateforme Haitidata.org précédemment mise en place en collaboration avec la Banque mondiale.
L’observatoire ne compte pas s’arrêter là. Philémon Mondésir annonce pour bientôt un portail inter-institutionnel qui permettra aux différentes instances publiques de décision (mairies, collectivités, ministères) d’être alertées à l’instant « I » de chaque problématique environnementale, et d’interagir activement sur les « états des lieux » fournis par l’OGT, en temps normal comme en période de crise, afin de garantir une véritable veille territoriale autour de thématiques aussi diverses que : le suivi de la sécheresse, l’érosion des sols, la dynamique côtière, l’inondation, les risques sismiques, la perte de la biodiversité et les changements climatiques…
Newdeskarl Saint Fleur
Source: Le Nouvelliste
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