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Biodiversité: voyons les bêtes autrement

Publié le 2019-04-08 | Le Nouvelliste


Pour rire, certains proches me demandent si vraiment toutes les espèces sont importantes. A ma réponse affirmative, ils répliquent: « les moustiques aussi ? Les serpents, les rats aussi ? » Avoir différentes formes vivantes, nuisibles ou non, est un avantage naturel dont on ne peut pas se plaindre.


Une question d’équilibre


La biodiversité ou la diversité biologique se voit au moins sous deux angles principaux: 1) la richesse spécifique et 2) la diversité spécifique.


1) La richesse spécifique traduit la variabilité spécifique (variabilité entre les espèces). C’est le fait d’avoir des espèces différentes (chien, chat, cheval,…). Cette richesse spécifique traduit également la variabilité génétique : la variabilité qu’il y a à l’intérieur d’une même espèce. Par exemple, les différentes variétés de maïs (une espèce, plusieurs variétés). Pour les animaux, on dit «race» : des races de chiens.


2) La diversité spécifique, c’est la représentativité des espèces sur un territoire donné. La diversité spécifique peut être: élevée (représentativité équitable de chaque espèce sur le territoire) ou faible (représentativité non équitable des espèces ; l’une peut être abondante et d’autres sont rares).


Vous comprendrez que plusieurs configurations peuvent se présenter dépendamment de l’importance de la richesse et de la diversité spécifiques. Par exemple, quand la richesse spécifique est élevée et que la diversité spécifique est faible, cela signifie qu’il y a beaucoup d’espèces rares.


En Haïti, les rares recherches dans ce domaine révèlent qu’il y a beaucoup d’espèces rares et en voie de disparition. L’une des raisons de cette rareté est l’exploitation anarchique de nos ressources qui rompt l’équilibre écologique. Une exploitation est toujours possible mais il faut un contrôle. Il ne faut pas que l’écosystème perde sa résilience. Celle-ci est la capacité d’un écosystème de se régénérer après une perturbation. Jusqu’à quel degré de perturbation un écosystème demeure résilient? On ne le saura que par la recherche et le suivi environnemental.


Puisqu’il n’y a pas de surveillance environnementale, quand on coupe un arbre, on ne sait pas si ce n’était pas le dernier individu qui restait de l’espèce. Pire, cet arbre était pour sa part l’habitat de nombreuses autres espèces (oiseaux, insectes, acariens, …). L’arbre disparaît donc avec les espèces qu’il abritait et celles qu’il nourrissait. Sans oublier que cet arbre contribuait à l’infiltration de l’eau servant à alimenter des rivières. Ces dernières sont aussi en danger et les espèces de poissons, de crustacés et de mollusques qu’elles contiennent. Et nous aussi sommes en danger. Nos rivières tarissent. Les saisons sèches s’allongent de plus en plus. La sécheresse nous dévore...


Importance de la biodiversité


Il va sans dire que la biodiversité est une source de nourriture et une source de matières premières pour l’industrie. C’est aussi une source de gènes. Alors, vous allez me dire que viennent faire les gènes ici. Certaines améliorations des plantes cultivées se font par prélèvement de gènes sur des plantes sauvages. Ceci est aussi valable pour les animaux et pour l’homme contre les maladies. Une plante ou un animal peut sauver l’humanité en donnant un gène. D’où l’obligation de préserver toutes les espèces vivantes.


70% des médicaments proviennent des plantes. Il y a aussi des médicaments qui proviennent des animaux. La pénicilline provient d’une moisissure (Penicillium notatum). La tétracycline et de nombreuses antibiotiques proviennent de bactéries du genre Streptomyces (1). L’insuline est fabriquée à partir du pancréas de certains mammifères (bœuf, porc, ...).


Et... les services écologiques sont énormes. Les services écologiques sont les bénéfices que tire l’homme du fonctionnement des écosystèmes. Parmi les services écologiques, on peut citer la pollinisation par les insectes et les oiseaux, la biodégradation par les micro-organismes (microbes), l’épuration de l’air par les plantes, la régulation du climat, la production de matières premières. En 1997, ces services ont été estimés à 33 trillions de dollars américains par an (2). Et en 2010, le coût de l’inaction et de la dégradation des services écologiques a été estimé à 7 % du PIB mondial par an à l’horizon 2050 (3). D’où les différentes conférences sur le climat et la biodiversité.


Donc, toutes les herbes et toutes les bêtes sont importantes. Nous pouvons commencer à changer de comportement vis-à-vis de ces êtres vivants dont nous dépendons tous. Aux conférences internationales, Haïti a pris de sérieux engagements pour l’environnement. On attend toujours des mesures concrètes.



Newdeskarl SAINT FLEUR


1.- Antonio Rodríguez-García, Patricia Combes, Rosario Pérez-Redondo, Matthew C. A. Smith, Margaret C. M. Smith, Natural and synthetic tetracycline-inducible promoters for use in the antibiotic-producing bacteria Streptomyces, Nucleic Acids Research, Volume 33, Issue 9, , Page e87, https://doi.org/10.1093/nar/gni086


2.- Costanza, R., d'Arge, R., De Groot, R., Farber, S., Grasso, M., Hannon, B., ... & Raskin, R. G. (1997). The value of the world's ecosystem services and natural capital. nature, 387(6630), 253.


3.- TEEB (2010) The Economics of Ecosystems and Biodiversity: Mainstreaming the Economics of Nature: A synthesis of the approach, conclusions and recommendations of TEEB

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